La presse en parle
Nicolas Moro, Tout va pour le mieux, autoproduit 2024. Le site de Moro, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Michel KEMPER juin 2024
"Satisfait de constater que le nom et la gentille gueule de Nicolas Moro lentement s’imposent dans le petit monde de la chanson. Qu’après deux albums et deux ep (ainsi que le récent et superbe En public, partagé avec son violoniste Mathias Guerry), il y soit reconnu à sa juste et ample valeur n’est que justice et témoigne du bon goût collectif.
On remarquera ces derniers jours sa nouvelle vidéo (postée sur facebook) en réaction à ce personnage inquiétant qui semble malheureusement s’imposer dans le débat politique du moment et pour longtemps…
On devrait remarquer tout autant le nouvel et très bel album de Moro : des comme ça, j’en veux bien tous les jours au petit déjeuner sur ma platine.
Quand je parle de gentille gueule, avouons que ce n’est pas évident sur la pochette de cet opus où paisiblement il sirote un cocktail à travers un masque à gaz. Mais, comme il titre avec un rien d’ironie du désespoir : Tout va pour le mieux ! « Sept mille ans de civilisation / Sept mille ans et puis grosse déception / Tout ça pour ça / Tout ça pour en arriver là » lance-t-il dès l’entame d’un disque où la lucidité fait copine-copain avec l’humour (et un peu de tendresse, tout de même), soit l’exact portrait de Moro, ce pourquoi on l’apprécie. Comment réfréner son rire quand il nous chante « Faut pas souhaiter la mort des gens / Mais j’ai du mal à m’empêcher / Faut pas souhaiter la morts des gens / Mais si tu pouvais calancher » : c’est tellement naturel.
Humour oui, plutôt dérision. Et amour, sans qu’il en possède tous les codes : des amours privés de courage, ou en attente, d’autres qui se barrent en quenouille. Et des textes énigmatiques (Jamais plus, La Casse, Le Melon), qu’il nous faut décrypter, qu’on peut sans son accord attribuer un peu à qui on veut. En ce temps compliqués, Jamais plus (« Oubliés, révolus / On ne les verra jamais plus… ») je l’attribuerai bien à Attal et sa bande, mais ma lecture est, c’est vrai, très partisane.
Son blues mâtiné de swing fait merveille : lui et ses comparses (au gré des titres, on dénombre une vingtaine de musiciens) fait de ces chansons des joyeusetés même si ça charrie quelques horreurs, qu’on prendra pour autant de vérités ; ainsi sur le divin fiston qui jamais n’envoie d’accusé de réception à nos prières : « Pourquoi l’appeler au secours ? / Si Jésus Christ c’est qu’il est sourd ».
Comment ne pas reconnaître dans Les Honnêtes gens ceux qui grenouillent, magouillent et tripatouillent en ce moment sous nos yeux, dans l’écran cathodique et sur nos bulletins de vote : « De toutes les idées, de tous les ralliements / Tous les reniements, toutes les compromissions / Il obtint un portefeuille au gouvernement / Il reçut les honneurs et les décorations ». Pas besoin d’être fin observateur me direz-vous, encore faut-il le versifier, le musiquer et le chanter, qui plus est avec talent.
Talent sera le mot de la fin, tant ça résume ce Poitevin qu’on verrait bien se produire un peu plus souvent, un peu partout.
CD Nicolas Moro « tout va pour le mieux » Autoproduction 2024 ; nicolasmoro.com
Par Francis COUVREUX juin 2024
Comme les membres de la petite communauté qui suivent Nicolas Moro ont déjà cette 4ème galette du natif de Montmorillon, j’ai juste besoin de faire savoir aux autres tout le bien que je pense de cet auteur compositeur interprète. Dans une autre vie, Nicolas fut pendant une quinzaine d’années le guitariste-chanteur d’Opa Tsupa, groupe swing manouche décalé et original qui tourna un peu partout et enregistra quelques disques de très bonne facture.
A la différence de la plupart des auteurs compositeurs interprètes, ce passionné des musiques américaines de la première moitié du XXème siècle (le blues et ses dérivés), est un poly instrumentiste confirmé (guitariste avant tout, il pratique aussi la guitare hawaïenne, le dobro, la mandoline, le piano, l’harmonica, le balafon..) qui attache autant d’importance aux paroles qu’à la musique (arrangements et instrumentation) , dans un équilibre parfait entre parties instrumentales et parties chantées.
Les quelques amis musiciens qu’il sollicite selon les titres pour telle ou telle couleur sonore, ne sont pas non plus les premiers venus et ont de la place pour s’exprimer (soubassophone, orgue, washboard, tuba, clarinette basse, contrebasse, etc). Installant pour chaque morceau le climat adéquat, Nicolas Moro alterne blues poisseux au riff hypnotique (« Tout ça pour ça »), guitare picking façon ragtime (« le monde tourne encore »), country-gospel à l’ancienne (le très réussi « la messe est dite »), talking blues avec chorus de steel guitar (« attendre une lettre de vous »), ambiance rock’n roll et New Orleans (« piano à queue ») …
Nico c’est notre Johnny Cash à nous, mais avec des paroles en français et ça fonctionne admirablement. Côté textes, travaillés sans en avoir l’air avec finesse et un sens de la formule qui fait mouche, entre délicatesse, dézingage et humour au second degré, on est dans une lignée qui va de Boris Vian à Nino Ferrer, en passant par Brassens et Bernard Dimey (cf « Bon débarras », sorte de petit cousin de « Frédo »), des artistes qui font partie du panthéon de notre homme. L’inspiration est variée : dans « les honnêtes gens », Nicolas nous parle sur un ton désabusé de ces dirigeants qui déclarent la guerre bien au chaud dans leur bureau en envoyant le bon peuple au casse pipe ; « le melon » fustige les m’as-tu vu qui se tapent l’incruste dans les soirées. Dans « le monde tourne encore », un mort constate que la vie continue après lui, « tout ça pour ça « fait l’amer constat de l’évolution humaine après 7000 ans de civilisation.
Sous ses côtés déconneurs, Nicolas est un tendre, un sentimental mélancolique de nature (cf »Attendre une lettre de vous »ou « beaucoup d’effet », un tube en puissance ou le sensible et très poétique « Jamais plus », à la jolie mélodie chanté en duo avec la talentueuse Juliette Minvielle).
Voilà donc des chansons bien foutues conjugant verve mélodique, aisance instrumentale, écriture chiadée, humour personne omniprésent; tout est bon chez lui, y a rien à jeter comme dirait le bon maître !
Vous l’avez compris, voilà un disque totalement convaincant, trop bon sans doute pour être accepté par un show biz avec lequel Nicolas Moro ne veut rien avoir à faire.
Et il a bien raison.
Interview FRANCOFANS mai 2024
- Tout va pour le mieux, dis-tu, mais d’un autre côté, tu ne te fais guère d’illusions sur la société dans Tout ça pour ça. Quel est le message ou la philosophie de cet album : tout est au mieux dans ce monde de m… ?
Je ne cherche pas à délivrer un message. J'écris des chansons pour le plaisir d’associer des mélodies et des mots et les faire écouter à qui veut bien les entendre. Évidemment : « Tout va pour le mieux » c’est ironique car il faudrait être d’un optimisme béat pour considérer que le sort de l’humanité s’annonce radieux. Cependant je garde un peu d’espoir, du moins j’essaye de l’entretenir. Si j’ai choisi ce titre c’était surtout parce que je trouvais qu’il fonctionnait bien avec la photo de couverture et que je prends toujours une phrase dans une de mes chansons pour intituler mes disques.
- Si la mort est parfois présente dans ce disque (Bon débarras, Le monde tourne encore), elle ressemble plus à une farce qu’à une tragédie. Quelle est ton idée de la fin ?
Je suis agnostique, je n’ai absolument aucune certitude, aucune croyance en une vie après la mort. La mort ne m’angoisse pas en tant que telle, c’est l’absurdité de notre condition qui me questionne. J'espère secrètement que le but de l’existence ne se résume pas qu’à la reproduction et la survie de l’espèce et je me réfugie dans l’humour pour apaiser mes doutes.
- Dans La messe est dite, tu évoques la surdité de Jésus et ta position de démissionnaire. Pourquoi ce titre qui "sonne" Charlie Hebdo ?
J’aime le gospel et j'écoute surtout de la musique noire américaine. J’avais envie de faire un clin d’oeil à ce style que j’ai beaucoup écouté mais comme je ne suis pas croyant j’ai écrit une sorte de gospel iconoclaste. En vérité j’aurais aimé avoir la foi car croire est peut-être plus reposant que douter. C’est tout simplement ça que je raconte dans cette chanson. Je suis catholique car baptisé. J’estime donc avoir le droit de me moquer un peu de ce qui est officiellement ma propre religion et je pense que c’est une sorte de façon de mesurer la tolérance d’une chapelle. Si vous ne risquez pas le bûcher en la tournant en dérision c’est que les inquisiteurs ne sont pas encore au pouvoir.
- A qui s’adresse cette chanson Attendre une lettre de vous ? Une amante, un label, etc. ?
C’est une sorte de « Talking song », c’est la première fois que je choisis de ne pas chanter le couplet mais de le déclamer car à l'origine je me suis amusé à écrire dans un genre très ampoulé qui m’amuse.
Tout en octosyllabes avec des rimes riches. Un exercice de style en quelque sorte. Elle ne s’adresse donc pas à quelqu’un en particulier et à mon sens, c’est la chute, le dernier vers, qui lui donne un caractère burlesque et vient tourner en dérision l’emphase avec laquelle elle est écrite. Pour qu’elle sonne : « Nashville » j’ai demandé à Vassili Caillosse de jouer une partie de pedal steel guitar dessus. Grâce à lui ce titre a un petit côté : « Stetson à paillettes » que je trouve réussi. Je prends beaucoup de plaisir à inviter des musiciens que je croise sur ma route. Chaque style musical est un langage qui requiert des années de pratique et je tiens à ce que mes chansons fassent référence à des styles musicaux précis.
- L'esthétique de cet album est blues et western swing, déroulée au son des cordes acoustiques (guitare, banjo, mandoline). Quelle était ta direction artistique ?
Depuis mon premier album j’essaye de diversifier mes orchestrations et d'aborder des styles musicaux divers tout en restant dans mon domaine de compétence. Je pense que l’ingrédient qu’on retrouve dans toute ma discographie c’est le blues et ses dérivés. Parfois très dilué, parfois non. Je suis surtout guitariste mais je joue aussi de la mandoline, du banjo, de l’harmonica... Dans cet album j’ai joué un peu de tout ça. Il est très acoustique. Pour m’amuser moi et pour ne pas lasser l’auditeur je prends plaisir à orchestrer différemment chaque chanson. La difficulté c’est de rendre l’ensemble cohérent malgré la diversité des arrangements. Mais je pars du principe que ma voix et mon écriture suffisent à faire un lien entre tous les titres.
- On a coutume de dire que le blues en français ne sonne pas. Mais à l’écoute de tes morceaux, on se dit que le mariage entre le Delta blues et Brassens fonctionne très bien, à l’image d’un Patrick Verbeke qui écrirait avec Desproges. Qu’en penses-tu ?
Je suis très flatté de la comparaison. Je ne revendique pas du tout faire du blues en français. Je fais de la chanson et parfois j'utilise un blues pour la musique. Sur cet album il n’y a véritablement qu’un titre qui est un blues, c’est le premier. Mais j’ai tellement joué et écouté cette musique qu’elle s’invite un peu partout dans mes chansons. Pour moi, Brassens est une sorte de Leadbelly français. Il y a quelque chose du bluesman chez lui. Son minimalisme instrumental, la façon de poser rythmiquement sa voix et bien entendu, c'était un amateur de musique noire américaine. La difficulté c’est de ne pas essayer de traduire le blues, mais d’en comprendre l’esprit pour pouvoir l’adapter à sa propre pensée, à sa propre culture.
- Tu as choisi de sortir Tout va pour le mieux sous forme de singles, à chaque fin d’enregistrement, sur ton site. Pourquoi ce choix de distribution ? Marre des réseaux habituels, de l’industrie du disque ?
Je n’ai jamais eu de distributeur. Je n’ai jamais côtoyé l’industrie du disque. Au début ce n'était même pas un choix, c'était juste que je n’intéressais personne du métier. J’ai donc appris à fonctionner tout seul et avec le moins de moyens possibles. J’ai commencé ma carrière au début des années 2000 avec Opa Tsupa. Internet était encore embryonnaire, mais petit à petit j’ai eu le grand bonheur et la surprise de voir que nos morceaux étaient écoutés des millions de fois et repris un peu partout dans le monde. Je ne vois pas l’intérêt de fournir un tel travail d’écriture et de studio si c’est pour que mes chansons soient inaccessibles. J’ai donc choisi de les mettre sur les plateformes. Bien entendu je reste très critique quant à la part que ces grosses machines à fric s'octroient et celle qu’elles laissent aux artistes. Je déplore également que les renseignements sur l’année d'enregistrement, les musiciens, les compositeurs etc...y soient quasi introuvables. Mais je constate qu’on revient presque au 45 t et ça me plait. Mes chansons ne s’adressent pas un un petit cercle d’initiés. Je pense qu’elles sont accessibles et populaires, j’ai donc choisi de m’adapter à l’époque même si je reste profondément attaché au disque.
"Nicolas Moro était de passage à St Etienne-les-Orgues. Si vous n'étiez pas dans le public le 16 septembre, n'hésitez pas, lors de sa future prestation dans la région, à aller assister à son concert. Seul en scène, ou accompagné si l'espace le permet, il assure avec des textes très bien écrits et amusants. Il révère l'esprit critique! Excellent guitariste, il joue toutes sortes de musiques qui accompagnent ses chansons. Qu'elles soient d'amour ou d'humour, elles sont souvent mordantes. Il harangue le public, le fait participer et n'oublie pas de le faire passer pour...ce qu'il n'est pas et le provoque. Il utilise l'aphorisme, par goût et l'explique, l'applique ! Voulez-vous un exemple? : "un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche". Pendant une heure trente, Nicolas s'amuse et avec lui, la salle où il fait des incartades. Ce soir, il a fait profiter les spectateurs/acteurs en demandant à Martine Scozzesi et Riton Palanque (que nous connaissons tous) de monter sur scène. Complices, ils sont tous les trois, amoureux des beaux textes. Une soirée où personne ne s'ennuie et les rappels sont de la gourmandise ! Et ils étaient nombreux les gourmands " A.B pour NPI magazine-Provence. édition du 22/09/2023
Usine Aillot rime avec Nicolas Moro au flegme très existant:
"Ce type vaut le détour avec son tour de chant. Loin des vautours du top 50 de la variété française où le fric respire bien davantage que l’honnêteté musicale, Nicolas Moro fait figure de dernier des mohicans.
Par chance, il a fait une halte à l’Usine Aillot à Montceau-les-Mines pour un concert en plein air devant un public qui sans en connaître beaucoup sur lui, a découvert un artiste qui n’obéit à aucun maître-chanteur. « Je vais chanter pendant une heure des chansons que vous ne connaissez pas » lance-t-il. Nicolas Moro est libre comme l’air, il se tient à l’écart de l’industrie musicale et chante ce qu’il veut, comme il veut, où il veut. Lui et sa guitare.
D’entrée, il donne le ton de la soirée, histoire de bien communiquer avec la galerie, qu’on ne se méprenne pas sur ses intentions. « Qu’est-ce qu’on est bien quand on est con ». Tout le monde acquiesce avec le sourire. C’est dans la poche.
Nicolas Moro sublime le mot et le verbe avec un parler qui ressemble à celui de Jean-Pierre Daroussin. C’est toujours censé car il a dépassé l’âge de dire de bêtises. « Ici, j’ai découvert le camion du film 1000 Dollars au Soleil avec Lino Ventura. Le cinéma, ça intéresse les jeunes donc il y aura des jeunes au concert. Mais alors, qu’est-ce que je vais chanter aux jeunes ? »
Ces jeunes qui ont connu l’île aux enfants avec Casimir, « c’était plutôt quasi… mort » plaisante-t-il avec sérieux.
D’une chanson, Nicolas Moro en fait toujours bon usage. Tout est dit avec conviction et sans contradiction ni modération. « Malgré son âge, il reste un vieux beau qui triche sur le kilométrage ». Il chante aussi à l’économie des chansons molles avec trois accords, trois couplets, sans refrain et sans se presser. « On reste si peu de temps sur terre alors je ralentis le pas ». C’est aussi vrai que, « quand on est mou, la vie est dure ».
Ce qui est authentique, c’est que cette soirée à l’Usine Aillot au bon air chaud caniculaire, a été enchanteur. Le public se souviendra du passage de Nicolas Moro. Ne dit-il pas que « chez les chanteurs, le plus important, c’est la postérité. Vous êtes reconnu une fois mort. Alors je vais chanter une chanson à titre posthume de mon vivant ». On était là."
Jean Bernard 21/08/2023 in l'Informateur de Bourgogne
En ce samedi soir du mois d’août, Nicolas Moro est venu se poser sur la scène extérieure de l’usine Aillot pour un concert original et très personnel devant de nombreux spectateurs.
Nicolas Moro, auteur-compositeur interprète, donne rapidement le ton de la soirée : l’humour, le second degré et la décontraction seront de mise pour ce moment de partage. Il parle au public, raconte, se raconte, expose la genèse de ses chansons, ponctuée de bons mots, de références littéraires (Astérix en Hispanie, par exemple) ou quelques aphorismes d’Oscar Wilde. On ne ressort pas indemne de ce concert ! On réfléchit sur la destinée et le devenir de la planète et de ses habitants !
Ce grand jour du mois d’août 2023 restera sans doute marquée d’une mèche blanche dans la mémoire des spectateurs que Nicolas Moro embarque de sourires en émotions, entre légèreté et profondeur des textes, humour et bonne humeur teintée d’ironie comme l’indiquent certains de ses titres : « Qu’est-ce qu’on est bien », « Mollo », « le destin des affreux », « tu picoles », « Pas de postérité pour les honnêtes gens », « Montmorillon Swing », Sensuela, …
Sous prétexte d’humour, il ne faudrait pas passer sous silence les grandes qualités musicales de l’artiste. S’accompagnant à la guitare et à l’harmonica, il joue tous les styles, accordant ses textes au rythme et genre qui convient le mieux : boogie, valse, tango, blues, …
Un artiste regorgeant de fraîcheur et plutôt bienvenu en cette soirée de canicule annoncée ! Montceau-News.com 2023
Quelques jours avant ce concert, NosEnchanteurs avait publié un article sur Moro aussi élogieux qu’inédit de notre amie Anne Lefebvre. Ce qui nous dispenserait en temps normal de revenir sur cet artiste. Mais comment ignorer celui qui, avec Camerlynck et Cousineau, a fait si forte impression au Festiv’en Marche, presque tornade ?
L’ancien membre et auteur-compositeur du groupe Opa Tsupa vole de ses propres ailes depuis à peine huit ans et s’est constitué une discographie déjà intéressante. Mais son blaze reste encore assez confidentiel dans le milieu de la chanson. Il le sera désormais un peu moins depuis ce concert non exceptionnel, simplement magnifique, presque parfait.
La formule est celle de son dernier album, un « en public » duo guitare-voix/violon avec ce remarquable musicien et duettiste qu’est Mathias Guerry. La formule est rodée, terriblement efficace. Les chansons y tirent à vue, à la manière d’une mitrailleuse : ça balance à tout va. Belles munitions du reste, calibrées humour et décontraction, bien foutues pour ne pas dire savoureuses, de celles qu’on adopte sur l’instant. Avec des propos que seul notre sens du pardon peut tolérer, comme ces « affreux [qui] prennent une épouse infâme / Le plus laid des laiderons qui soit / Plus un affreux est laid et plus laide est sa femme » : Moro doit être comme Brel, beau et con à la fois.
Bavard en plus, notre Moro, qui aime introduire, je n’ose dire lubrifier, ses p’tites chansons de considérations, parfois d’explications, de bons mots et d’aphorismes, même de flatteuses citations à la Oscar Wilde. Quand bien même le sujet qui suit est léger, futile même : c’est à chaque fois histoire ou portrait traités avec la distance et l’humour nécessaire, les dessineux de Fluide Glacial ne font souvent pas autrement.
Notre presque folk-singer, parfois bluesman, ragtimer, presque rocker, inconnu pour la plupart du public l’heure d’avant, se taille un succès monstre, à la juste mesure de ce qu’il est et de ce qu’il chante.
Mais déjà j’empiète sur l’excellent papier d’Anne ma consœur Anne, qui me voit venir. Je vous recommande la lecture (c’est ici, ne vous en privez pas) aussi sûrement que les CD du chanteur, ceux qui (honte à vous) ne figurent pas encore dans votre discothèque. Vite, on répare cette faute ! Michel Kemper 2023
Festiv En Marche, 28 mai 2023, le soir.
D'abord la classe puis la récréation
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"Puis c'est le trublion Nicolas Moro qui investit l'espace : l'heure de la récré sonne. Mais qu'on ne s'y trompe pas ! Sous ses airs cabot, il profite de la tribune pour interpeler sur les travers de notre société avec un sens de l'humour et de l'autodérision bien affirmés. Les textes sont peaufinés, la voix chaude. Le public adhère, joue le jeu, permet à l'artiste de saisir les balles au bond et de relancer l'échange. Tout est judicieusement travaillé et emballé de mélodies jazz ou folk, en duo avec Mathias Guerry, excellent violoniste. Recette imparable !" Dominique Kovacs 2023
" J’ai aimé cet humour à la Desproges, j’ai pensé beaucoup aussi à l’ami Ricet Barrier. Utiliser l’Humour pour dire des choses essentielles. Je trouve le travail de Nicolas et de son violoniste excellent musicalement cette compétence musicale permet à la forme humoristique une efficacité redoutable au service des messages parfois cruels et dramatiques que les artistes veulent transmettre. Une gestion très intelligente et sensible. Bravo. À propos d’intelligence je voudrais féliciter celle de la programmation Après les émotions provoquées par les textes des premiers spectacles, l’Humour caustique est bien venu ce Dimanche. Merci Eric Laurent et Bravo à l’équipe qui nous accueille et accompagne. Christian Camerlynck 2023
Nicolas Moro, chanteur intemporel. Anne Lefebvre. pour "NosEnchanteurs" 21/05/2023
Il était temps.
Les saisons ont passé depuis ces concerts de Nicolas Moro en septembre, mais est-ce un problème en fait ? Il est intemporel et, ne serait-ce son actualité, avec un album en cours de fabrication qui me pousse à en parler et à revenir sur ces concerts superbes, j’avoue que je me serais bien contentée de flemmarder avec les précédents albums, magnifiques (chroniqués ici en 2021 pour Mollo et là en 2022 pour En public) tout en me remémorant ses concerts avec plaisir, des images et du son encore plein la tête. Mais voilà, on ne peut garder très longtemps pour soi ce genre de sensation sans vouloir la partager et en faire profiter les autres.
Vous connaissez Nicolas Moro ? Si ce n’est pas le cas, il est franchement temps. Il n’est certes pas connu du grand public mais, sachez-le tout de suite, vous serez vous aussi séduits, je le parierais. Ses chansons sont un bonheur d’écriture, c’est un musicien fantastique, il explore avec une facilité apparente le rock’n roll, le blues, le jazz, le country ou le ragtime… qui semblent n’avoir aucun secret pour lui !
Quant à la scène, il y prend toute sa dimension, celle de l’interprétation qu’il maîtrise là encore avec une décontraction déconcertante. Ces soirs-là, personne ou presque le connaissait, son répertoire et lui-même étaient une découverte pour le public, mais chaque spectateur était conquis en repartant et en redemandait. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’est pas dans la démonstration. Seul en scène pour ces concerts, il l’occupe sans ostentation mais pleinement, son jeu de musicien convainc instantanément, sa guitare est un vrai orchestre sous ses doigts, sa belle voix nous charme, ses chansons nous embarquent et, cerise sur le gâteau, il est très drôle ! Un poil d’humour noir, beaucoup de second degré, un zeste de moquerie et une belle expressivité qui nous capte dès le début, sans nous lâcher…
S’égrènent sur scène quelques chansons des albums précédents, toujours appréciées -on ne se lasse pas de Nicolas Moro- quand arrivent les nouvelles qui sont de belles surprises, Beaucoup d’effet, Le monde tourne encore, Pas de postérité pour les honnêtes gens, Le melon… Comme pour toutes les autres chansons, chacune a son univers et son rythme, les sujets sont variés et surprenants, l’humour y est souvent présent mais pas que, le point commun étant qu’elles sont absolument toutes réjouissantes !
Hors de question de s’endormir ici sur sa chaise, que ce soit pendant ou entre les chansons, on est vite attrapé par le rire, l’émotion, la belle voix chaude, le jeu musical et la présence du chanteur sur scène. Pas un de ces rôles appris par cœur ou maniéré qui mettent le public à distance. Non, une vraie présence, une vraie personne.
Résultat ? Des étoiles dans les yeux, des sourires ravis, un public enchanté, séduit, ravi, qui n’avait que deux mots à la bouche en sortant, « Merci ! » à lui qui avait traversé le pays d’Ouest en Est pour venir dans ce village nous offrir ses chansons… et « Revenez ! » tellement le plaisir en avait été grand. On a de la chance, il revient.
« Avec sa gouaille et sa voix de crooner à la Guy Marchand, Nicolas Moro nous balade d’un rock vintage des années 60 façon Chaussettes Noires ou Eddie Cochran (Twist à mourir) à une java des faubourgs (Je fais des affaires). Beaucoup d’humour et d’ironie dans ses compositions, mais jamais de prétention ni de condescendance. Cet adorateur du blues du Delta nous propose un joyeux mélange composé de musique western ou country avec stetson et winchester et d’ambiances Nouvelle-Orléans. Cela n’empêche pas parfois de légères touches plus intérieures, voire mélancoliques (Une ombre, Encore un peu). Mais ces petits accès de blues distillés avec parcimonie et joliment interprétés ne parviennent pas à nuire à la cohérence de l’ensemble. » Hexagone / Philippe Kapp 2019
"C’est étonnant comme une simple guitare peut créer une telle fête. Il faut croire qu’elle est en bonnes mains.Ne vous fiez pas à son style de chanteur pour feux de camp ou pour soirées entre copains. Cette apparente décontraction n’est là que pour mieux vous étonner lorsque vous écoutez ses chansons. Le verbe est précis, vif, direct, avec une touche de poésie. Il puise ses chansons dans des tranches de vies qui sentent le vécu. L’anti-héros de BD qui s’y exprime est-il compatible avec le chanteur exigeant et talentueux qui les met en scène ? Oui, sans doute, puisque ça marche… » NosEnchanteurs / Michel Kemper 2018
"Nicolas Moro est un musicien hors pair, depuis longtemps plongé dans le rock, le blues, le jazz, voire la country. Les mélodies sont au cordeau, la guitare égrène des notes tout simplement addictives… et oups, on se surprendrait presque à en négliger les paroles ! Bien heureusement, elles ne se noient pas sous la musique, la voix y est bien présente et, Entre deux moments de plaisir, on a largement le temps de savourer un bel humour en demi-teinte « Au bout d’un blanc, au bout d’un blanc très long / Je te réponds : « Mais oui c’est vrai, là dis donc » qui est à notre grande joie un des signes de fabrique du chanteur…
Cela donne-t-il une idée des talents du parolier exigeant qu’est Nicolas Moro ? Absolument pas, tout est tellement fluide qu’on en oublierait le travail. Ce serait dommage ; il faut donc le lire, il faut donc s’asseoir. Alors, après vous être déhanché comme un fou, reposez-vous (faut y aller Mollo, on vous l’a dit) en lisant le livret des paroles…" Anne Lefebvre 2022